Si le titre de cet article est volontairement provocateur, c’est parce qu’il ne va pas de soi. Avec l’évolution si rapide des modèles d’IA générative, nombreuses sont les équipes marketing qui pensent se passer des humains pour leur création de contenus. Alors, pourquoi ce serait une (grosse) erreur ?
Une enquête de Gartner révèle que 38% des responsables RH ont intégré ou envisagent d’intégrer l’IA générative dans leurs opérations. Cette adoption pourrait mener à une réduction moyenne des effectifs de 5,1%. Dans le même temps, une étude menée par IBM auprès de 3 000 CEO révèle que 43% des dirigeants ont réduit ou redéployé leur personnel en raison de l’IA, avec 28% qui envisagent de le faire dans les 12 mois suivants. L’IA va donc toucher tous les secteurs d’activité et la plupart des métiers qui existent aujourd’hui.
Contrairement au poncif que l’on entend (trop) souvent, l’IA générative n’est pas le futur du marketing. C’est son présent qui s’écrit sous nos yeux. Ainsi, certains métiers se raréfient pendant que d’autres émergent à peine. Alors, l’humain arrive-t-il à expiration pour autant ? Spoiler : non.
SEO : et si nous laissions les machines dialoguer entre elles ?
Avec l’arrivée grandiloquente de ChatGPT, nombreux étaient les plaisantins qui en ont profité pour enterrer la création d’articles SEO qui étaient à destination des blogs d’entreprise. Et, d’une certaine manière, ils n’avaient pas tort. Le SEO est un algorithme qui favorise (ou non) le référencement de votre article sur les moteurs de recherche. Or, l’IA générative est un algorithme qui crée du contenu à partir d’une large base de données. Il y a donc un algorithme en amont, et un autre en aval. Les plus cyniques d’entre nous se diront que c’est le moment de laisser les machines entre elles et de prendre des notes. Et si, justement, la place de l’humain était au milieu de cette équation à deux inconnues ?
Voici maintenant cinq raisons pour lesquelles l’humain reste indispensable à toute création de contenu.
1. Compréhension et nuances culturelles
L’IA, aussi avancée soit-elle, peine encore à saisir totalement les subtilités culturelles et contextuelles qui caractérisent un contenu réellement engageant. Or, l’humain apporte avec lui sa compréhension profonde des nuances culturelles, des références locales, et des connotations qui résonnent avec un public spécifique. Cette sensibilité est essentielle pour éviter des faux pas qui vous seraient coûteux.
2. Créativité et originalité
Bien que l’IA puisse générer du contenu rapidement, elle le fait souvent en s’appuyant sur des données existantes, menant rapidement à un manque d’originalité. Les humains, en revanche, sont capables de pensée divergente, d’innovation et d’une créativité qui transcende les modèles préétablis. Dans un monde où l’authenticité et l’originalité sont de plus en plus valorisées, la touche humaine peut faire toute la différence.
3. Sensibilité émotionnelle
Les émotions sont au cœur de toute communication efficace, comme nous en parlions déjà dans un autre article. Les humains possèdent une capacité innée à interpréter et à exprimer des émotions qui résonnent avec les autres. C’est tout simplement ce qu’on appelle de l’empathie. Mais l’IA, elle, n’arrive pas toujours à égaler la subtilité avec laquelle les humains peuvent manier l’empathie et la sensibilité émotionnelle dans leur contenu.
4. Éthique et responsabilité
Si l’humain doit (encore) rester au cœur de la création de contenu, c’est aussi parce que la question de l’éthique dans l’utilisation de l’IA est plus pertinente que jamais. Qui est responsable du contenu généré par l’IA ? Comment garantir que les données utilisées pour entraîner les algorithmes ne sont pas biaisées ? Les humains jouent un rôle crucial non seulement dans la surveillance des outputs de l’IA, mais aussi dans la prise de décisions éthiques concernant son utilisation.
5. Adaptabilité et résolution de problèmes
Les situations imprévues nécessitent souvent une adaptabilité et une résolution de problèmes que l’IA ne peut pas offrir. Les humains peuvent interagir, comprendre des feedbacks complexes et apporter des ajustements créatifs en temps réel, une compétence essentielle, particulièrement dans les stratégies de communication en constante évolution.
Entre biais et hallucinations
Le mythe de l’IA autonome qui remplace un créateur de contenu, qu’il soit rédacteur, graphic designer, vidéaste ou même développeur web, reste un mythe. Regardons de plus près un exemple avec un modèle d’OpenAI baptisé “Graphic Designer”. Je lui ai demandé de générer deux graphiques à partir de données que je lui ai fourni (venant d’une étude Bpifrance). Le premier graphique doit mettre en évidence les chiffres autour de l’utilisation des IA génératives par les entreprises, l’autre les raisons qui poussent les entreprises à ne pas utiliser ces IA génératives. Le résultat est tout simplement atroce, et parfaitement inexploitable.
Sans même parler de la question du prompt, qui est un (vaste) sujet à part entière – et dont dépend entièrement la qualité des contenus que vous délivrera votre modèle préféré, l’IA, comme un bébé, ne peut pas rester seule. Parce que, si elle est capable de se planter en beauté (ce qui reste le moins grave finalement, puisque l’erreur vous sautera alors aux yeux), elle peut aussi glisser dans ses résultats quelques imprécisions ou partis pris qui pourraient vous coûter cher.
Les deux phénomènes les plus courants sont très bien documentés maintenant. D’un côté le biais, de l’autre l’hallucination. D’abord, le biais est inévitable car l’IA générative se nourrit du contenu présent sur internet. Or, ce contenu n’est lui-même pas représentatif de toute la diversité humaine. Autrement dit, l’IA ne fait que reproduire, sous un nouveau jour, les contenus qu’elle a agrégés dans sa base de données. Mais le plus curieux reste sans doute l’hallucination. Voyons ce qu’en pense ChatGPT.
La mauvaise interprétation est une chose, mais la généralisation excessive, elle, est très problématique pour une entreprise. Elle peut en effet vous pousser à véhiculer des messages contraires à vos valeurs – qui nuiraient plus qu’autre chose à votre marque. Vous l’aurez donc compris, l’IA générative fonctionne bien mieux en binôme avec un humain plutôt que comme son substitut. Et si vous voulez en savoir plus, un guide est disponible sur le blog d’Archemia !
Les entreprises qui reconnaissent et valorisent la collaboration entre l’homme et la machine sont celles qui se démarqueront dans cette nouvelle ère. Alors n’oubliez pas de miser sur les (bons) humains !